Pages généalogiques de Stéphane LOUIS

-

La peste à Mirecourt [1]

article publié dans la revue Généalogie Lorraine N° 127 de mars 2003

par Roland SAUNIER (U.C.G.L. 680)

et Stéphane LOUIS (U.C.G.L. 2597)

 

Les mouvements des troupes, pendant la guerre de trente ans, ranimèrent la peste à Mirecourt. La maladie y régna à partir d'août 1631 et fut particulièrement terrible. Dès le début de l'épidémie, les bourgeois traitèrent avec François LOUIS, chirurgien, pour soigner les malades, et Claude HUGO[2], dit le Hollandais, pour enterrer les corps morts, soit de la ville ou de la loge[3]. De plus, il était interdit de recevoir des étrangers, de se rendre dans les régions infestées ou de visiter les malades. Toute infraction à ces règles était punie d'une lourde amende, de l'enfermement, ou du bannissement.[4]

Les bourgeois de Mirecourt tinrent des comptes très détaillés des dépenses liées à ce cataclysme. Les quelques lignes qu'ils écrivirent permettent de se rendre compte du malheur qu'endurèrent les habitants de cette cité, identique à celui que connurent leurs contemporains en de nombreuses localités de Lorraine.

 

Extrait du compte des dépenses que l'on fit, à cause de l'épidémie.[5]

· 24 francs pour les bottines données aux capucins qui soignaient les pestiférés que l'on avait envoyés aux loges.

· 46 francs pour ceux qui enterraient les malades morts dans lesdites loges.

· 23 francs pour confitures, dragées et pâtés de grives présentés à Madame DE FRESNEL à son arrivée à Mirecourt en considération de la donation de 4000 francs qu'elle avait faite à l'hôpital en raison de la peste.

· 3447 francs et 10 gros aux sieurs ROLLIN et Georges GERARD, commissaires de la santé pendant la peste.

· Il est accordé au comptable 12 francs par jour et 28 francs.

· Pour la nourriture des capucins au nombre de quatre avec un valet pour soigner les malades qui étaient aux loges… …Les capucins partent et l'on donne à chacun d'eux une demi-douzaine de mouchoirs de poche et on leur fait nettoyer robes et manteaux.

· 204 francs pour dix sept réseaux de blé pour faire le pain de ceux qui étaient aux loges. 8 francs 6 gros pour le cuire.

· 24 francs 1 gros pour 128 livres de bœuf qui sont distribuées aux malades à la veille de Noël.

· 30 francs pour la nourriture des chevaux de ceux qui enlevaient les morts.

· La veille des Rois on envoie 11 livres de bœuf et 3 pots de vin nouveau.

· 2 francs à Nicolas DIDELOT et son compagnon pour avoir creusé pendant la nuit une fosse pour la femme de Nicolas FRIENT morte de contagion.

· Fin de l'épidémie en février 1633, on ramène 58 voitures de planches provenant des dites loges que l'on fait détruire. On règle définitivement les comptes.

· 68 francs et 9 gros aux voituriers qui conduisaient aux loges le pain des pestiférés.

· 42 francs à François Louis Nicolas LENOIR et à Jean DE LA TRIEUX, chirurgiens à Mirecourt, pour la visite qu'ils firent sur tous les corps morts ou malades au commencement de la peste en 1632.

· 144 francs au fossoyeur pour le restant de ses gages pour les corps morts de la peste.

· 400 francs à Hilaire BARBIER à compte sur une plus grosse somme à lui due par la ville pour la nourriture qu'il avait fourni pendant la peste aux enterreurs, essouteurs et autres.

· 300 francs au chirurgien des loges.

· 7 francs à Antoine PATER pour avoir enlevé les immondices de la ville pendant la peste.

· 24 francs 3 gros pour les parfums employés aux loges.

· 40 francs au sieur DU RUPT sacristain et aux sonneurs pour avoir carillonné les grosses cloches pendant la contagion.

· 9 francs à Nicolas MATHIEU pour avoir gardé la porte du Pont en remplacement du portier mort de la peste.

· 40 francs au fournier de la porte du Pont pour les bois qu'on lui a pris.

Supplique fut adressée à S.A. le Duc de Lorraine pour lui demander une réduction des impôts et taxes à lui dues, ce qu'il accorda dans la mesure de 1789 francs.


[1] L'illustration est extraite de Mirecourt, Temps passés - Temps présents, 1911, François CLASQUIN, ouvrage réédité aux éditions Res Universis.

[2] Voir Les ancêtres lorrains de Victor HUGO, Généalogie Lorraine N° 124, juin 2002.

[3] Lieu clos, hors de la ville, où étaient enfermés les pestiférés jusqu'à leur mort.

[4] Saint Pierre Fourier en son temps, catalogue de l'exposition présentée aux Archives départementales des Vosges 1990-1991.

[5] AD88 série CC.

 

Retour à la page principale - Me contacter